lire le livre Allemagne année 20 : La Nouvelle Objectivité

Mouvement fondamental de la première moitié du XXe siècle en Allemagne, la Nouvelle Objectivité n'a jamais fait l'objet d'une exposition qui lui soit exclusivement consacrée dans un musée français, à l'exception de celle du Musée de Saint-Étienne en 1970. Le Musée de Grenoble propose de montrer différents aspects de ce mouvement sous l'angle de la production graphique, remarquable par son abondance et son intérêt artistique et iconographique. Parce que l'Europe se trouve dans un état catastrophique à l'issue de la première guerre mondiale, la vision subjective de l'Expressionnisme évolue et un certain nombre d'artistes s'orientent vers une conception différente des choses, une Nouvelle Objectivité qui prend la forme d'un constat froid et réaliste, souvent acerbe et ironique de la société. Cette vision aboutit à des images inquiétantes : portraits, paysages, natures mortes, scènes d'intérieur sont représentés selon une figuration issue de la tradition picturale classique marquée cependant par les inventions plastiques des avant-gardes. Le terme Nouvelle Objectivité proposé par Gustav Hartlaub, directeur de la Kunsthalle de Mannheim, qui organisa la première exposition en 1925, reflète la volonté des artistes de montrer la réalité de manière distanciée dans ses aspects les plus banals et les plus durs. L'exposition rend compte, à partir des œuvres graphiques, des artistes, qui dans toute l'Allemagne ont dépeint la société de l'entre-deux-guerres et apporté leur témoignage dans un souci de capter la réalité dans sa vérité crue et immédiate. Les thèmes abordés montrent l'homme et le monde qui l'entoure dans une même immobilité dérangeante, qu'il s'agisse du portrait caricatural de la société berlinoise d'Otto Dix et de Georg Grosz, des intérieurs et des natures-mortes précis et détaillés d'Alexander Kanoldt et de Georg Scholz, d'Anton Räderscheidt et Franz Radzwill, des hommes métamorphosés en machines d'Heinrich Hoerle... Cette exposition complète et approfondit la connaissance de l'art allemand après Un siècle d'art à Berlin en 1999 au Musée de Grenoble, en focalisant l'intérêt sur un courant artistique fondamental par son témoignage sur l'histoire de l'Allemagne. Largement illustré, le catalogue est aussi le support d'une réflexion approfondie par ses auteurs, témoignage d'un mouvement sans équivalent.